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IMPACT DE LA COVID-19 SUR LE TRAVAIL DES CAMIONNEURS

Les travaux qui suivent sont les informations recueillies sur le terrain par les 4 experts du projet exerçant dans les villes de Douala, Bertoua, Kribi et Bafoussam. Ce mois-ci, le thème est « l’impact de la covid-19 sur le travail des camionneurs ». Pour ce faire, il a été demandé aux experts d’échanger avec les camionneurs et les motorboys sur leur connaissance de la crise sanitaire actuelle, de parler des conséquences de la pandémie covid-19 sur leur travail tout en prenant soin d’expliquer à ces derniers ce qu’est le coronavirus et son mode de transmission. Ce document pourrait être un outil d’aide, une grille d’analyse pour les experts et en particulier les pairs éducateurs de bien mener leurs activités sur le terrain par un argumentaire convainquant auprès des bénéficiaires. Il pourrait par ailleurs permettre à l’équipe du projet de concevoir des supports visuels de sensibilisation adaptés.

D’une manière générale, Le constat observé est que la covid-19 a un impact réel dans la vie des camionneurs (Douala, Bertoua, Kribi, Bafoussam). Elle rend difficile l’activité du camionneur tout au long de son parcours et les moyens pour se prévenir de la maladie sont limités ou presque inexistants.

DÉTAILS SUR LES RÉPONSES DONNÉES

Sur les difficultés perçues par les camionneurs

La majeure partie des personnes interrogées sont des chauffeurs.

Sur la question concernant les actions/précautions entreprises par l’employeur du camionneur pour rendre le véhicule sain et sécurisé face au COVID 19 avant tout usage, les réponses sont variées et mitigées (Bafoussam, Bertoua, Douala, Kribi). Certaines entreprises ont pris la pleine mesure l’arrivée de la pandémie au Cameroun et ont immédiatement mis à la disposition des employés (camionneurs) des kits de protection du virus en respectant les mesures prescrites par le gouvernement affectant parfois même un personnel pour s’assurer que les mesures sont respectées dans les différents services (Bertoua, Douala, Kribi). Le véhicule est lavé avec de l’eau et du savon avant son arrivée à destination, il en est de même avant son départ du parc à camion.

Par contre, dans d’autres entreprises rien n’est fait pour protéger les employés ou tout au moins équiper le véhicule de quelques flacons de gel hydroalcooliques (Bafoussam).

De même, sur les problèmes en rapport au virus que rencontrent les camionneurs sur leur parcours, les réponses sont toutes variées les unes des autres. Chacun y va en fonction de l’obstacle qu’il rencontre en chemin. À Kribi, il est question des engins non désinfectés et de la non connaissance du statut sérologique du chauffeur ou du passager. À Douala et à Bertoua rien à signaler. Quant à Bafoussam, la difficulté est sur l’amende exigée par le contrôle routier en cas du non-respect du port du masque. C’est à dire que de ce côté, la mise en application de la loi bas son plein par rapport à ce que l’on observe dans les métropoles des autres régions.

Par ailleurs, il est observé que plusieurs points d’arrêt sont dotés plus ou moins de stations de lavage de mains et des flacons de gels hydroalcooliques. Notamment sur les aires de repos, les postes de péage et de pesage routier, les postes de contrôle de Douala, Bafoussam, Kribi et Bertoua.  Mais les postes de contrôle de gendarmerie ou de police de Douala, Bafoussam et Kribi ne suivent pas la chaîne de prévention.

Néanmoins, tous les camionneurs disposent d’un flacon de solution hydroalcoolique, d’un masque même si son port n’est pas systématique (Douala, Bafoussam) pour se protéger du virus mais plutôt pour se prévenir des contraventions des contrôles routiers. Les mains sont lavées pendant les moments de repos, de prière ou de repas (Bertoua, Douala), ou alors lors d’un arrêt au poste de péage (Kribi, Bafoussam). Le transport des passagers est interdit quant à lui par la plupart des sociétés sauf en cas d’extrême urgence où un collègue est en difficulté (Bertoua), pour certains qui essayent d’arrondir leurs fins de mois, invitent des passagers à bord du véhicule (Bafoussam).

Alors, pour se mettre à l’abris de la contamination par le coronavirus, les chauffeurs de camions adoptent certains gestes barrières simples qui sont entre autres :

Avant le départ : la désinfection et/ ou le nettoyage complet du véhicule

Sur la route : le port du masque et lavage des mains

Après le travail en rentrant à la maison : thermo flash en entreprise ensuite bain chaud et désinfection d’outil avant d’entre à la maison

Malgré ces mesures de protection des rumeurs subsistent et persistent, reconnaissent les interlocuteurs des experts. « Le coronavirus n’existe pas » (Douala, Bertoua), « c’est la colère de Dieu pour punir les blancs », « c’est l’œuvre des blancs pour asservir les peuples faibles » (Kribi, Bafoussam)

Sur les améliorations possibles selon les camionneurs

Afin d’améliorer la protection face à la covid-19, les camionneurs interrogés, proposent à l’unanimité que les kits de protection soient davantage distribués pour les protéger eux et leurs convoyeurs (Bafoussam, Bertoua, Douala, Kribi) ; installer les stations de lavage des mains sur les camions et au niveau des postes de péage et arrêts (Bafoussam).

Et Pour améliorer leurs connaissances sur le virus, ils proposent que la sensibilisation continue à travers la distribution des prospectus d’explications de la maladie et l’affichage des messages de prévention sur les panneaux tout au long de leur voyage.

In fine, les camionneurs sont d’accord que pour qu’ils soient à l’abris du virus dans leur travail, ils devraient bénéficier de certains services essentiels. Il s’agit de mettre la bonne information sur la pandémie à leur disposition pour mieux se protéger, prévoir l’infrastructure de protection à tous les niveaux de leur passage (Bafoussam, Bertoua, Douala, Kribi) et leur prise en charge par l’employeur ou le gouvernement en cas réactivité au test du virus (Bertoua).