Les IST les répandues chez les conducteurs de motos taxis
Les contributions qui suivent ont été collectées sur le terrain par les 03 Experts du projet MOVIHCAM dans les villes suivantes : Douala, Batouri et Kribi. Sur le thème ‘Les IST les répandues chez les conducteurs de motos taxis’, il a été demandé aux experts d’interviewer les camionneurs, personnel soignant, conseiller et assistant psychosociaux afin de relever quelles sont les IST les plus répandues chez les camionneurs, les traitements auxquels ils ont recours, la prise en charge au niveau clinique et communautaire, l’implication de la/des partenaires dans la prise en charge des IST et surtout les facteurs de risques chez ces derniers. Les informations collectées permettent de mettre en évidence les principales tendances qui se dégagent (et qui très souvent se rejoignent) au sein d’une même population cible dans différents lieux géographiques. Ce document pourra ainsi contribuer à apporter des éléments de compréhension et fournir des informations aux personnes, pairs éducateurs qui travaillent sur le terrain afin de délivrer des bons messages et recommandations quant à la façon dont ils devraient se prémunir des IST et/ou venir à bout des IST : les choses à faire en cas d’IST.
La tendance principale qui se dégage est une connaissance de l’existence des IST même si les symptômes ne sont pas bien connus et identifiés. Il ressort également un recours à la médecine moderne comme à la traditionnelle dans le traitement des IST et non implication de la /des partenaire(s) dans la prise en charge des IST chez les conducteurs de motos taxis avec des facteurs de risques relevant du multi partenariat, de la prise des drogues et alcools, du pouvoir d’achat et de la proximité avec les points chauds.
Au sujet d’IST et symptômes, à la question quelles sont les infections sexuellement transmissibles (IST) les plus courantes que vous connaissez ou que vous avez déjà eues, les camionneurs citent : Sida (Douala, Batouri, Kribi) ; syphilis (Douala, Batouri, Kribi) ; Chlamydia (Douala, Batouri) ; herpès génital (Batouri) ; gonococcie (Kribi), condylomes (Kribi), hépatites (Kribi), la « chaude pisse » (Kribi).
Quand on les interroge sur les symptômes des IST qu’ils connaissent et qu’ils ont déjà eus, ils confient : le sida fait maigrir (Douala) ; lorsqu’on est infecté de la gonococcie, il y a un écoulement urétral de pu jaunâtre ou picotement en urinant (Batouri) ; pour la chlamydia, on a les douleurs urétrales, de la goutte matinal rare (Batouri) ; l’herpès génital par les lésions et « grattage » (Batouri) ; « la chaude pisse », la fatigue, le sexe démange, le corps fait mal, le dos fait et les diarrhée (Kribi).
Lorsqu’il faut en parler avec leur partenaire un ami ou encore un collègue, certains avouent qu’ils en parlent qu’avec leur médecin lors des consultations (Douala), quand d’autres en parlent avec leurs amis et collègues pour avoir des idées sur comment soigner ou précéder (Batouri, Kribi). Aucun d’entre eux n’en parle à sa partenaire (Douala, Bafoussam, Kribi).
Même s’ils ont du mal à en parler à leur partenaire, en matière de traitement d’IST, certains prennent quand même le soin d’aller à l’hôpital (Douala) ; quand d’autres ont recours aux vendeurs de médicaments de rue pour les premiers soins (Batouri) ou encore préfère faire appel à la médecine traditionnelle, car aller à l’hôpital coûte cher et quelques aux pharmacies quand les factures sont abordables (Kribi).
En matière de traitement d’IST, une partie énonce en l’occurrence les ARV pour ce qui est du VIH (Douala) pendant que d’autres reconnaissent ne garder les noms en tête ou encore ne pas connaître du tout (Batouri, Kribi).
S’ils prennent le soin de prendre un traitement, il n’en demeure pas que les sources d’approvisionnement varient : ils achètent leurs médicaments en pharmacie (Douala, Kribi) ; chez les vendeurs ambulants (Batouri) ou encore ils vont chez les guérisseurs (Kribi).
Quand on se tourne vers le personnel soignant et on leur demande s’ils reçoivent très souvent des patients parmi lesquels des conducteurs de motos taxis qui viennent pour des problèmes d’IST, les réponses convergent pour la plupart : « Oui nous avons des patients qui viennent se soigner pour les IST et oui parmi eux nous avons les camionneurs » (Douala) ; « Dans nos formations sanitaires, nous recevons souvent des personnes qui ne s’identifient pas en tant que camionneurs » (Batouri) ; « Bien sûr que oui. Les chauffeurs, en général, sont très nombreux et parmi eux nous avons, des camionneurs. C’est très fréquent chez eux » (Kribi).
En ce qui concerne les IST les plus citées, le personnel soignant évoque : la chlamydia, le VIH mais aussi et surtout « la chaude pisse » (Douala) ; le VIH une fois de plus (Batouri, Kribi) et la syphilis et la gonococcie (Kribi).
Quand il s’agit de savoir s’ils prennent régulièrement leur traitement, aucune réponse n’est donné que ce soit à Douala, Batouri ou Bertoua.
A la question de savoir s’ils associent leurs partenaires sexuels à cette prise en charge, le personnel soignant affirme notamment qu’ils ne les associent pas vraiment (Douala, Batouri) pendant qu’à Kribi il affirme n’a pas vraiment d’indicateur même si leur rôle est celui de recommander en général d’associer la partenaire (Kribi).
Les facteurs de risques qui exposeraient les conducteurs de motos taxis aux IST sont notamment selon le personnel soignant : le multi partenariat sexuel non protégé (Douala) quand les CPS et APS partagent leurs avis sur : l’infidélité, le multi partenariat non protégé (Batouri) et ajoutent à ces facteurs la prise de drogues et alcools (Batouri) ; la proximité avec les points chauds et le pouvoir d’achat (Batouri, Kribi).
Ils existent dès lors un ensemble d’actions d’information en direction des conducteurs de motos taxis sur les IST. Il s’agit de : des sensibilisations sur le port du préservatif (Batouri) ; des causeries éducatives et interpersonnelles, campagnes sur l’importance du port correct du préservatif (Kribi). Des actions de sensibilisation auxquelles ils n’associent pas leurs partenaires qui sont pour la plupart occasionnelle (Batouri, Douala).
Enfin, il faut noter qu’une prise en charge clinique et communautaire est proposée aux conducteurs de motos taxis notamment dans les CTA, UPEC et FOSA (Batouri, Kribi).