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Les conditions de travail des camionneurs

LES CONDITIONS DE TRAVAIL DES CAMIONNEURS

Les contributions qui suivent ont été collectées sur le terrain par les 05 Experts du projet MOVIHCAM dans les villes suivantes : Bafoussam, Batouri, Douala, Kribi, N’Gaoundéré. Sur le thème ‘Conditions de travail des camionneurs’, il a été demandé aux experts d’interviewer des camionneurs, des motorboys et propriétaires de camions afin de relever les principales difficultés rencontrées par les camionneurs dans l’exercice de leur profession. Les informations collectées permettent de mettre en évidence les principales tendances qui se dégagent (et qui très souvent se rejoignent) au sein d’une même population cible dans différents lieux géographiques. Ce document pourra ainsi contribuer à apporter des éléments de compréhension et fournir des arguments aux personnes, en particulier les pairs éducateurs, qui travaillent sur le terrain afin de convaincre avec plus d’efficacité les camionneurs et patrons de camionneurs à prendre conscience du lien étroit qui existe entre la santé, les conditions de travail et le rendement au travail.

La tendance principale qui se dégage chez les camionneurs est qu’ils travaillent dans des conditions extrêmement difficiles. Les difficultés auxquelles ils font face sont notamment d’ordre technique, sécuritaire, routier, pratique, sanitaire ou encore salarial et sont liées, entre autres, à l’inconfort, à la santé, au stress, au souci de rendement… Des mauvaises conditions de travail ayant des incidences sur leur comportement sur la route, leur santé et leur rendement au travail.

 

DETAILS DES REPONSES DONNEES

A la question « quels sont les principaux problèmes que vous rencontrez sur le route », les camionneurs et motor boy semblent se rejoindre. Ils évoquent notamment le racket au niveau des barrages routiers  et ceci même quand le camionneur est en règle (Douala, Kribi, Ngaoundéré). Ils parlent aussi de la fatigue due aux longs trajets, du mauvais état des routes et des camions qui cause d’énormes pertes de temps, des accidents, des arrêts improvisés dans des zones invivables sans eau ni électricité (Kribi, Bafoussam, Ngaoundéré, Batouri, Douala). Des arrêts qui les exposent à des agressions, des maladies et les conduisent à rechercher du réconfort en se réfugiant notamment dans l’alcool et favorisent la prise de risques en termes d’excès de vitesse par souci de rendement (Douala, Kribi, Ngaoundéré, Bafoussam, Batouri). Les conditions salariales ne sont pas vraiment des plus encourageantes pour le camionneur et encore moins pour le motor boy qui s’occupe, entre autres, de toutes les pannes du camion sur la route et joue le rôle de gardien du véhicule en toute circonstance (Douala, Kribi, Ngaoundéré, Bafoussam, Batouri).

Lorsqu’on leur demande ce qui serait plus important pour améliorer leur confort sur la route, une fois de plus, les avis convergent. Pour les uns et les autres, il est capital d’améliorer considérablement l’état des routes qui d’une manière ou d’une autre contribue à abîmer les véhicules, de diminuer les contrôles routiers et davantage de sensibiliser les agents routiers sur le racket, d’aménager des parcs et/ou espaces de repos pour les chauffeurs avec eau potable, électricité et autres dispositifs sécuritaires et sanitaires pour les chauffeurs (Douala, Kribi, Ngaoundéré, Bafoussam, Batouri). Selon eux, il faudrait aussi que les patrons pensent à effectuer des visites techniques régulières des véhicules, revoir les salaires à la hausse, le traitement infligé aux employés ainsi que les systèmes de motivation du personnel suivant le rendement (Douala, Kribi, Ngaoundéré, Bafoussam, Batouri).

Par contre, lorsqu’on approche les patrons de camionneurs, on se rend bien compte qu’ils sont informés des difficultés majeures des camionneurs sur la route.

A la question quelles sont les difficultés auxquelles font face selon eux les camionneurs, ils sont tous d’accord que les contrôles routiers abusifs sont récurrents et constituent un véritable problème (Douala, Kribi, Ngaoundéré, Bafoussam, Batouri). Mais quand il s’agit de l’état des véhicules, certains tendent à rejeter  la responsabilité à l’état des routes qui concourt à abîmer les véhicules (Douala) même s’ils effectuent au besoin les visites techniques et surtout mettent à bord ou envoie un mécanicien pour intervenir pour certaines pannes (Kribi, Bafoussam).

Quant à savoir quels seraient selon eux les mesures pour améliorer le confort des camionneurs sur la route, les patrons rejoignent les camionneurs quand il s’agit d’améliorer de l’état des routes, de réduire les postes de péages et surtout les abus des routiers (Douala, Kribi, Ngaoundéré, Bafoussam, Batouri). Certains voient ou reconnaissent davantage la nécessité de sensibiliser les camionneurs sur les risques liés à la consommation d’alcool et de drogues au volant, les aliments qu’ils consomment sur la route, le respect du code de la route, sur la communication avec la hiérarchie en cas de graves intempéries ou autres imprévus, sur l’importance de prendre régulièrement des pauses, le respect de la réglementation des temps de conduite et des temps de repos, revoir les salaires, primes de travail (Kribi). Par contre, pour les conditions salariales, les patrons tendent à ne pas se prononcer à ce sujet en estimant pour certains que les camionneurs ont un revenu et il leur revient de savoir l’organiser (Kribi) et pour d’autres que du fait des multiples arrêts, le voyage devient plus long et les frais de route prévus insuffisants (Bafoussam).