Meilleures pratiques

Comment conduire efficacement une formation en direction des pairs éducateurs ?

L’ensemble des recommandations qui suivent, ont été recueillies auprès de 06 Experts du projet MOVIHCAM dans le cadre de la rencontre mensuelle sur le forum Experts du portail movihcam.org. Sur le thème « Comment conduire efficacement une formation en direction des pairs éducateurs ? », il a été demandé aux experts de partager entre eux et surtout faire remonter les  approches de terrain en matière d’organisation et d’animation d’une formation. Ce document pourra ainsi contribuer à apporter des éléments de compréhension, fournir des arguments et astuces aux personnes, en particulier les superviseurs de pairs éducateurs, qui travaillent sur le terrain afin d’optimiser leurs compétences, savoir-faire afin qu’ils travaillent avec plus d’efficacité avec leurs pairs éducateurs et les rendent plus performants.

  1. Savoir évaluer les besoins en termes de formation

Personne formée pour aider ses camarades dans sa communauté à adopter un comportement sain et responsable en matière de santé, le pair éducateur a des tâches de communication, d’information, d’éducation, de sensibilisation, de counseling, d’orientation, d’offre de services non médicaux à ses camarades, de gestion, de plaidoyer et de référence. Dans le cadre du programme MOVIHCAM, ces pairs éducateurs sont supervisés par une personne dénommée Expert MOVIHCAM qui a entre autres pour mission de renforcer continuellement leurs capacités afin qu’ils mènent à bien leurs activités. A ce titre, il est primordial pour lui, de savoir évaluer les besoins en termes de formation de ces derniers. Une tâche qu’il peut mener : « …soit en identifiant des besoins lors des supervisions sur le terrain, soit en demandant aux PE leurs besoins en termes de formation, soit en proposant une thématique qu’il trouve importante pour les aider à bien mener leurs activités » ou encore : « …lors de l’évaluation des rapports de retour du terrain, les échanges quotidiens qu’on a avec les PE et qui permettent d’identifier leurs lacunes, les actualités ou connaissances que nous trouvons importantes à partager avec les PE, les thématiques sur lesquelles les PE sollicitent avoir des connaissances approfondies » comme l’affirme ESPOIR+, Douala, CEPEDIC, Batouri. Des propositions qui rejoignent celles de APCAS, Bafoussam quand il dit : « Nous évaluons les besoins des PE lors des CE. Pendant les supervisions, nous pouvons détecter des thématiques sur lesquelles les PE n’arrivent pas à bien développer leur argumentaire ou des questions posées par les participants auxquelles les PE ne parviennent pas à donner des éléments de réponses satisfaisants. Par ailleurs, ils peuvent aussi nous faire part de leurs besoins en termes de renforcement de capacités ». Quand CEPEDIC, Batouri poursuit : «…nous recueillons des difficultés et des lacunes de chaque PE afin d’avoir les thématiques sur lesquelles nous allons échanger lors de la formation pour plus de pertinence et de toucher réellement les problèmes de tout un chacun ».

  1. Avant la formation : savoir se fixer des objectifs, actualiser ses connaissances, accompagner mettre en œuvre et conduire l’activité programmée

La formation pair éducateur doit pouvoir renforcer la capacité de ces derniers à mener des actions sur le terrain, dont les causeries éducatives, en lui permettant notamment d’acquérir/améliorer les connaissances nécessaires à sa mission. Ainsi, l’Expert ou le superviseur des PE doit fixer l’objectif ou les objectifs à atteindre ou visés pour chaque session de formation. En ce sens, WOPA, Kribi pense qu’en général, ces formations doivent pouvoir les aider à : « appréhender le contexte de leur intervention, maîtriser les notions de base relatives aux IST/VIH/SIDA, se familiariser avec les techniques de communication, particulièrement avec les techniques de communication de groupe et la communication en direction des professionnelles de sexe et des clients de professionnelles de sexe (dans le cas du programme MOVIHCAM), maîtriser les enjeux et le contenu des messages à diffuser dans le cadre de leur intervention, comprendre les enjeux et les principes de reporting de leur intervention ainsi que les outils qui les accompagnent sur le terrain ». Pendant que APCAS, Bafoussam précise, en ce qui concerne chaque session, que: « l’objectif principal de la formation est de transmettre aux PE le maximum de connaissances sur la thématique choisie et surtout développer en eux la grande aptitude/capacité à pouvoir argumenter cette thématique sans gêne sur le terrain » et à ALUCOCIS+ de dire :  « …Il est important de former les pairs éducateurs sur les techniques d’animation et les méthodes de prévention des IST afin qu’ils soient capables de transmettre les messages vrais et précis pour un changement de comportement des PPERS , pour une prise en charge des IST , le dépistage VIH et les conseils ». Des approches que partagent Ajembo-Est, Bertoua qui pense qu’il est important de se servir de plusieurs ressources notamment disponibles dans le cadre du projet spécifique MOVIHCAM : « Il faut choisir et préparer le thème (rechercher toutes les informations en relation avec le thème, en demander même au CRD-MAS si nécessaire et même sur les FAQ du portail ‘ movihcam.org’). Les objectifs et le contenu de la formation connus, en prélude à chaque formation, l’Expert se doit de : fixer une date, un lieu et l’heure de l’activité, préparer le matériel nécessaire et surtout préparer le thème à aborder avec le PE avec leur contribution. A ce propos, APCAS, Bafoussam dit : « …Nous demandons au PE de faire des recherches sur le thème choisi avant la formation. L’Expert quant à lui, révise et structure les points essentiels sur lesquels il doit travailler avec les PE relativement à ce thème ». Et à ESPOIR+ de déclarer : «…Nous essayons d’avoir des connaissances justes et fiables sur ces thématiques de préparer cela de tel sorte que les participants quel que soit leur niveau d’étude ou vitesse de compréhension soit au rythme de tout le monde ». Avant de conclure sur les aspects logistiques qui prendront  en compte selon CEPEDIC, Batouri : «…Nous préparons le matériel et nous nous préparons le mieux possible pour que ce jour-là nous puissions donner les informations adéquates et que nous tous soyons au même niveau de compréhension » ou encore ESPOIR+, Douala, WOPA, Kribi : «…Les ressources qui nous permettent de mener à bien ces formations sont tout simplement des formats papiers un flip-chart et des finances pour le transport des participants et le casse-croute ». 

  1. Pendant et après la formation : savoir mesurer les acquis des PE et avoir pour le formateur plus cordes à son arc dont la maîtrise de son sujet

Pendant la formation, le rôle de l’Expert (formateur) prend celui d’une personne ressource qui facilite les échanges entre les participants et aussi qui est garant du cadre de ces échanges et de la formation….Les objectifs fixés au départ permettent aussi de recadrer les discussions parfois très intéressantes mais néanmoins ‘hors sujet’, et, au cas où, de protéger le groupe. Il est important de faire de ce moment, un moment d’apprentissage et de détente. A cet effet, APCAS, Bafoussam propose : « Nous travaillons pour la plupart du temps à travers des échanges participatifs. Chaque PE donne son point de vue sur la question et tous ensemble, nous décelons et corrigeons les manquements observés. Les outils et ressources sur lesquels nous nous appuyons sont pour la plupart ceux et celles reçu(e)s de Moto Action en version physique ou numérique sans oublier les FAQ disponibles sur le portail MOVIHCAM. Toutes les séances de formation sont inclues dans les réunions mensuelles programmées à la fin de chaque mois. Sauf lorsqu’un PE désire s’entretenir individuellement avec l’Expert ». WOPA, Kribi, elle, a recourt à plusieurs techniques d’animation : « Faire une discussion avec le grand groupe et des activités en petits groupes, amener les participants à exécuter les exercices de types suivants : brainstorming, lecture/audition/discussion, échange de questions et de réponses, mises en situation ». Par ailleurs, les objectifs permettent aux participants (et aussi aux formateurs) d’évaluer leurs parcours. C’est pourquoi, il est intéressant pour les formateurs en l’occurrence d’avoir plusieurs approches en matière de suivi post-formation. A ce titre, ESPOIR+, Douala nous dit : «…l’évaluation de la formation, pour savoir comment les participants ont reçu la formation, se fait de façon individuelle, c’est-à-dire chaque participant doit dire comment il a compris la thématique et si il a des zones d’ombre qu’il souhaite voir clarifiées et à la fin nous demandons à tout le monde de revenir vers l’expert au cas où le besoin se présente ». APCAS, Bafoussam quant à lui déclare que : « Chez nous, le suivi post formation commence immédiatement après celle-ci avec des simulations de causeries éducatives entre pairs éducateurs et Expert question de faire des observations et recadrer certaines incompréhensions. Ainsi sur le terrain, l’Expert continue cet exercice. Pour savoir qu’ils ont acquis la chose, nous constatons tout simplement comment ils développent des thèmes avec aisance et assurance sur le terrain. Ils répondent clairement aux questions à la satisfaction des participants et manipulent techniquement les parallèles pour davantage ancrer les messages ». En termes de compétences requises de la part du formateur, il nous revient qu’il doit selon WOPA, Kribi : « Avoir des connaissances sur les IST et le VIH, avoir des connaissances sur la cible (PS &CPS), avoir des compétences en matière de supervision de la pair éducation (identifier les points forts et les points faibles puis en rendre compte, apporter des solutions pour les points faibles au PE, assurer un suivi des PE), savoir transmettre, savoir collecter et restituer des informations ».