Meilleures pratiques

Comment animer efficacement une causerie éducative avec le jeu de cartes Rumeurs & Vérités, série Camionneurs ?

L’ensemble des recommandations qui suivent, ont été recueillies auprès de 03 Experts du projet MOVIHCAM dans le cadre de la rencontre mensuelle sur le forum Experts du portail movihcam.org. Sur le thème « Animation d’une causerie éducative avec le jeu de cartes Rumeurs & Vérités, série Camionneurs », il a été demandé aux experts de partager entre eux et surtout faire remonter les  approches de terrain en matière d’utilisation du jeu de cartes Rumeurs & Vérités, série Camionneurs. Ce document pourra ainsi contribuer à apporter des éléments de compréhension, fournir des arguments et astuces aux personnes, en particulier les pairs éducateurs, qui travaillent sur le terrain afin d’optimiser l’usage de cet outil en vue de formuler des messages pointus, ciblés et convaincre avec plus d’efficacité les camionneurs à participer à une activité de pair éducation. Le guide méthodologique d’utilisation du jeu de cartes élaboré par Moto Action peut également appuyer le PE dans cette démarche.

  1. Connaître l’outil et savoir l’introduire auprès des participants

Le jeu de cartes Rumeurs & Vérités fait partie du kit d’outils de sensibilisation conçus dans le cadre du programme MOVIHCAM en direction de la cible transporteurs routiers. Il s’inspire du jeu de cartes « Rumeurs & Vérités sur le VIH/Sida » initialement édité par Moto Action en 2012. Cet outil d’animation permet d’aborder de façon ludique et conviviale des thématiques sérieuses, compliquées et parfois difficiles ou controversées comme le révèle Adjembo-Est : « La majorité trouvent le jeu assez édifiant, et intéressant. Cela leur permet également de confronter leurs idées sur le thème » ou encore APCAS, Bafoussam : « Le jeu de cartes est très apprécié par les camionneurs ». Il comporte 25 cartes portant sur les fausses croyances, idées reçues, préjugés et rumeurs qui sont associés au VIH/Sida chez les camionneurs. Il est accompagné d’un guide méthodologique qui précise l’utilisation du jeu, les questions, relances, réponses ou messages à faire passer suivant chaque carte. Pour bien mener à bien une causerie avec ce jeu, le PE doit donc avoir une bonne connaissance des thématiques abordées, des relances aux questions et des réponses aux questions que peuvent adresser les bénéficiaires lors de la causerie éducative comme l’affirme Espoir+, Douala : « Pour mener à bien une CE avec le jeu de cartes, il faudrait que le PE ait une bonne connaissance déjà sur les sujets que comportent les cartes, bien maitrisé le guide méthodologique du jeu, être capable d’avoir des bonnes questions de relance et réponses suite aux réponses que vont proposer les participants au jeu ». Aussi, est-il important  pour l’animateur de savoir introduire le jeu affirme APCAS, Bafoussam : « Le PE présente le jeu et comment il se joue ». S’approprier l’outil passe également par une certaine préparation en prélude à chaque causerie éducative comme le déclare Adjembo-Est : « En fonction du thème choisi, il devra effectuer des recherches documentaires (avec l’aide de l’expert si possible), choisir dans le jeu de cartes, celles qui correspondent au thème qu’il va développer lors de la causerie, il devra bien préparer ses relances, maitriser le guide méthodologique du jeu de cartes » ou encore APCAS, Bafoussam : « Le PE travaille comme suit : choisir un thème générique qui peut être par exemple rumeurs sur la transmission VIH, sur la prévention, sur le traitement…et c’est ainsi qu’en fonction du thème choisi, il sélectionne maxi 05 cartes en rapport avec le thème pour l’animation ».

  1. Savoir se tenir face aux participants, les impliquer et mener le jeu

Une causerie éducative est une activité de groupe qui requiert de l’animateur une attitude, une posture et des techniques d’animation de groupe afin de capter l’attention du public. Adjembo-Est, Bertoua propose notamment : « Pour capter l’attention des participants, le PE devrait se tenir déjà à un endroit où il a la vue sur tous les participants et vice-versa. ». Pour conduire efficacement une causerie éducative, les qualités requises pour l’utilisation de ce jeu dans l’animation d’une causerie éducative sont les sens de la reparti et de l’humour.

En effet, les camionneurs, comme l’a démontré la synthèse sur les conditions de travail des camionneurs, sont des personnes soumises à des conditions de travail très difficiles. De ce fait, la causerie doit être un moment d’apprentissage et de détente pour eux. Il faut donc au maximum impliquer les participants et ceci par plusieurs astuces comme nous le dit Espoir +, Douala : « Pour impliquer les participants il faudrait déjà que le PE puis montrer le bien-fondé de ce jeu aux participants et leur montrer des exemples afin qu’ils comprennent exactement comment jouer, ne pas critiquer la réponse du participants, l’aider à la construire pour ne pas le frustrer et surtout apporter de temps en temps quelques blagues pour ne pas rendre le jeu un trop sérieux mais plutôt convivial » ou encore Adjembo-Est : « Il doit faire participer tout le monde au jeu, et particulièrement ceux qu’ils trouvent un peu timides. Si le PE fait poser la question, qu’il laisse les participants donner leurs avis sur la question avant de donner la réponse ».

Par ailleurs, toujours pour Adjembo-Est, impliquer les participants passe aussi par la formation des équipes : « le PE peut demander aux participants de désigner deux chefs d’équipe, puis les participants choisissent chacun leur équipe. Une fois la question posée, chaque chef d’équipe désigne un des membres de son groupe (qui se propose ou non) qui répondra à la question pour remporter des points ». Une approche adoptée également par APCAS, Bafoussam : « Pendant la CE, le PE présente le jeu et comment il se joue. Puis, il amène les participants à former 02 équipes avec à la tête de chacune un capitaine qui va se charger de nommer son équipe et répondre aux questions des cartes avec le consentement des autres membres. Le jeu commence comme dans un match de foot avec un lancer de pièce afin de savoir l’équipe qui prend la main en premier. La bonne réponse à chaque question vaut 10 points pour l’équipe qui la donne en premier. Cependant, après chaque question des relances sont faites par le PE dans le but d’apporter plus d’arguments nécessaires pour déconstruire les fausses croyances ».

Selon Adjembo-Est, l’un des défis de l’animateur est de : « Créer et maintenir une bonne ambiance, ne pas hésiter à user de beaucoup d’humour dans sa communication, cela détend l’atmosphère et met les participants en confiance, et produit un climat convivial ». Pour cela, l’animateur doit se montrer confiant dans sa gestuelle et sa communication.

  1. Gagner du temps, savoir encourager et gratifier les participants

Le temps pour la cible transporteurs routiers et camionneurs en l’occurrence est précieux. De ce fait, l’animateur doit faire preuve de pragmatisme ; c’est-à-dire pouvoir  faire jouer les participants dans un temps ni trop long, ni trop court afin qu’ils restent concentrés, intéressés et assimilent les messages. En moyenne, le temps d’animation avec le jeu dépend de son usage. S’il est utilisé comme un exercice de brise-glace, le temps imparti sera selon Adjembo-Est : «…cela peut prendre 10 ou 15 min maximum ». Par contre, lorsque le jeu est essentiellement utilisé pour conduire la causerie éducative suivant les thématiques sélectionnées dans le jeu, à l’unanimité, les OBC affirment qu’elle doit faire entre 30 et 45 minutes maximum. Par ailleurs, à l’issue du jeu, il est important d’imaginer un dispositif de gratification pour l’équipe gagnante si vous avez choisis de former des équipes comme le fait APCAS, Bafoussam : « A la fin, l’équipe gagnante reçoit des préservatifs en plus ».